Le Complexe de "John Prentice", ou la révolte du gendre idéal!

Publié le par ricardoglenn

John Prentice, c'est le personnage que joue Sidney Poitiers dans "Devine Qui Vient Dîner Ce Soir", film de 1967 qui parle d'une relation amoureuse entre un noir et une blanche, et des implications que ça avait pour les uns et les autres, à l'époque (en pleine ségrégation aux États Unis, rappelons le). Dans mon cas précis, on enlève la composante raciale, et il se trouve que je suis un "John Prentice". Bien parlant, bien élevé, un métier respectable, sociable, bref, le portrait du gendre idéal, celui que les mères voient repartir au bras de leur fille en se disant: "elle est bien tombée, ma fille, quel charmant jeune homme!" 

SidneyPoitier

 

Sauf que... non! Je suis aussi loin d'un John Prentice qu'il est possible de l'être, et si les Mères tombent sous le charme, c'est que je suis évidemment quelqu'un de très charmant... mais aussi très torturé de l'esprit! Mais cet aspect là, forcément, ce n'est pas la mère qui le subit, c'est la fille! Je ne vais pas dévoiler ici de façon psychanalytique tous les mauvais travers de ma personne, vous vous en rendrez bien compte en me lisant... C'est juste que je renvoie une image de moi qui, sans être fausse, est incomplète. Ce jeune homme charmeur et charmant, qui sait où il va, c'est aussi moi, mais pas tout le temps. Seulement, lorsqu'on connait les gens, on ne va pas se mettre à nu devant eux la première fois, leur montrer notre côté sombre. John Prentice lui même n'est pas tout blanc (humour!), il a le traumatisme de la mort de sa première femme à gérer, les complexes de sa propre famille qui n'approuve pas sa relation, et que sais-je encore... regardez bien son visage. Il est pensif, grave, celui de quelqu'un qui sait ce qu'il en coûte de rester du bon côté de la ligne, et qui n'y parvient peut être pas tout le temps non plus...

 

Seulement, voilà, on vient de faire connaissance, on n'a pas à étaler ses défauts d'entrée de jeu, on reste poli, neutre, agréable et on fait la conversation... Ça je sais super bien faire, la conversation! Mais pour peu qu'on me connaisse vraiment, qu'on s'attarde sur la personne et non sur le personnage, qu'on écoute vraiment ce que je dis, on se rend compte qu'il y a des failles dans l'armure, un vécu riche en traumatismes, en expériences formatrices dans le bon comme dans le mauvais sens, et des défauts, des faiblesses inhérentes à mon caractère, comme chez tout le monde... Seulement, voilà! Comme beaucoup de "gentils garçons", je pâtis de cette première impression super positive, qui rend les gens d'autant plus incrédules lorsque mon comportement ne se conforme pas à ce à quoi ils se croient en droit d'attendre de moi. "je n'aurais jamais attendu ça de quelqu'un comme toi!" Comme moi comment, bordel de merde!?!? Humain??? Faillible??? Potentiellement aussi con qu'un autre??? Si je ne m'étais pas montré sous mon meilleur jour au premier abord, ça aurait joué contre moi; je me suis TROP montré sous mon meilleur jour, et tout d'un coup je n'ai pas le droit à l'erreur? Il aurait fallu que je crache par terre, que je pisse dans le bol de sangria, que je me gratte les fesses à table et que je rote bruyamment, ue ma conversation se cantonne à la beauferie absolue (tunning, télé réalité et femmes à poil plutôt que musique, littérature et politique internationale?) pour être capable de vous surprendre positivement par la suite? Ça veut dire quoi ce "de quelqu'un comme moi"??? Un autre a le droit de merder, mais moi, sous prétexte que j'ai un prétendu sacré paquet de qualités, je devrais être infaillible?

 

Même Clark Kent a des moments de faiblesse, Dieu Lui même a merdé à un moment donné (la preuve: il a créé l'Homme à Son image - pêché d'orgueil - et voilà le résultat!!!), donc moi aussi j'y ait le droit. Je ne demande pas l'impunité pour mes erreurs; je ne dis pas que, parce que c'est humain de fauter, je dois être automatiquement absout; mais il doit exister un juste milieu, tout de même! Ne pouvoir être que Héros ou Paria, rien au milieu, c'est un peu pesant!

Je n'ai pas besoin de cette pression de la part de qui que ce soit, surtout que je suis très bon pour me la mettre à moi même, la foutue pression! Alors comme le dirait Outkast, I'm sorry Mrs. Jackson (la mère), I'm Sorry Ms. Jackson (la fille), mais je ne vous ai ni menti ni montré un autre que moi. Seulement, il est illusoire de vouloir saisir en peu de temps QUI EST L'AUTRE. Parfois ça prend toute une vie! Alors tant pis, j'ai fait et je ferai des erreurs, j'ose espérer être suffisamment intelligent pour ne pas refaire les mêmes, mais je ne suis pas le Boy Wonder que vous croyiez, je ne le serai jamais. À moi de vivre avec ça. Je vous souhaite bien du courage pour vous trouver votre John Prentice sans failles, moi en ce moment je bascule plutôt du côté Norman Bates de la force, voyez vous... Parce que moi aussi je le vaux bien!

 

"I'm selfish, impatient and a little insecure. I make mistakes, I am out of control and at times hard to handle. But if you can't handle me at my worst, then you sure as hell don't deserve me at my best." — Marilyn Monroe

 


inspiration et références:

http://www.imdb.com/title/tt0061735/

http://www.youtube.com/watch?v=g0v5nd1bJXM&translated=1

Publié dans relations humaines

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