Extension du domaine Houellebecquien

Publié le par ricardoglenn

Rentrée Littéraire oblige, saison des prix lancée, c'est novembre, on va pouvoir ériger des totems, aller acheter de livres à la fnac avec l'estampille "lauréat du prix de Flore/ Interallié/ Renaudot/ Médicis/ Goncourt"! Hourra! On aura l'air intelligents en lisant des "vainqueurs de prix" et non pas des livres du "Oprah Book Club". Oui, parce que je viens péniblement d'en venir à bout d'un, à grande peine... Merci Oprah, t'es une chef lorsqu'il s'agit de conseiller des bouquins! Vraiment... C'est pas parce que t'es pote avec Maya Angelou (que je vénère en tant que poétesse et personnage, je n'ai pas peur de le dire!) que tes goûts littéraires sont irréprochables. Et là, sur ce coup, t'as vraiment, vraiment, VRAIMENT mis le pied dans la boue, avec "Mange, Prie, Aime", de Liz Gilbert. SAINTE VIERGE, que ce fut long! que ce fut pénible! que ce fut... CREUX!!!!!!!!!!!

 

00EPL.jpg

 

Je ne suis rien ni personne pour descendre en flèche comme ça l'oeuvre de quelqu'un, mais là, vraiment, la déception est à la hauteur de ma réaction, et tant pis si je passe pour un taliban. C'est pas ce livre là qui va redorer le blason de la "chick litt" auprès de moi. Car oui, même si je suis le premier à combattre les étiquettes, surtout lorsqu'il s'agit de choses écrites, c'est bien de la chick litt, là. Pas parce que c'est écrit par une femme, non. Marc Lévy fait de la chick litt aussi, et c'est un mec. Non, c'est un livre qui se veut "adressé aux femmes". Une femme moderne, dynamique, qui à la suite d'un divorce et d'une profonde remise en cause de son mode de vie, décide faire les trois I (Italie, Inde, Indonésie) à la recherche... de quoi au juste? De spiritualité? De sagesse? D'elle même? Je ne saurai le dire, tant ce récit a dévié maintes fois de son cours... Cette tentative d'aventure moderne s'est vite transformé en un exposé de névroses qui, si en soit n'ont rien de condamnable (qui n'en a pas?), ne méritaient peut être pas un bouquin, mais une thérapie. En solo. OK, je suis vache. Écrire, c'est, de toute façon, s'exposer, se livrer. Mais il n'y a pas de style, le rythme de son récit est tout bonnement ennuyeux (je parie qu'elle le voulait original et dynamique, mais c'est raté, en ce qui me concerne jme suis fait ch*er, ma vieille!)

 

Sans vouloir rentrer dans la critique de son parcours, de son histoire personnelle, de sa recherche de bonheur, d'introspection et de spiritualité, je trouve juste que prendre en otage les lecteurs dans un tel ramassis de clichés et auto-fantasmes est tout simplement... Pour vous dire, moi qui aime croquer la vie à pleines dents, j'ai eu envie de lire du Houellebecq toutes les 10 pages de ce livre. Houellebecq, c'est la critique de la froideur, de la deshumanisation de la société moderne, c'est l'absurde de l'existence poussé à son paroxysme, c'est du pessimisme en barre, mais au moins C'EST BIEN ÉCRIT! Et en littérature, c'est radical et sans appel: je préfère un neurasthénique qui parvient à me faire sentir au 36ème dessous et comprendre son état qu'une aventurière qui ne parvient pas à me faire voyager, malgré le fait qu'elle visite trois pays magnifiques (dont elle n'a pas, à mon sens, réussi à restituer les ambiances, les couleurs, la VIE de façon crédible... ce qui est dommage!). Le voyage intérieur n'y était pas. une fois fini, tournée la dernière page, j'ai eu comme une envie irrépressible de me faire une bonne Possibilité d'une Île pour me remonter le moral... le comble de l'ironie!

 

Le plus important, c'est que désormais, je ne me promènerai plus avec ce "bouquin pour nanas" (dixit ma soeur, liseuse fidèle de Weinsberg et autres Lucifers en escarpins Louboutin), je vais me prendre un bon vrai livre pour intello torturé par des vraies questions de notre siècle: "est-ce que sucer, c'est tromper?"

Publié dans littérature

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article