Project Runway: comment mon côté gay me fut révélé!...
(AVERTISSEMENT: Cet article n'a pas pour but de porter préjudice à la communauté homossexuelle, à la communauté hétérossexuelle, à la communauté des stylistes, à la communauté des téléspectateurs de Project Runway ou à quelque autre communauté qui soit, qui puisse pour une raison ou une autre se sentir visée par mes propos. Je fais de l'humour dans le respect de toutes les différences et ressemblances qui font de chacun de nous des individus uniques, méritoires de respect et considération; dans cet esprit là, je me permets de "dénoncer" aussi des comportements stigmatisants que nous pouvons avoir tous, indépendemment de qui nous sommes. Merci de votre compréhension...)
Guilty Peasure, ou Plaisir Coupable: Project Runway! Je regarde et dois admettre que J'ADORE ce programme! Je ne connais pas d'homme hétéro dans mon entourage qui admette le regarder aussi. Peut être qu'il y en a, mais je n'en sais rien. Ils le crient pas haut et fort, du moins ceux que je connais, si jamais ils regardent. C'est comme ça: dès que ça touche la mode, des "trucs de nana", mes congénères pourvus de gonades surdimensionnées sentent qu'ils doivent marquer leur distance avec ça. Sport, voitures, meufs à poil, guerre, action, ça c'est des trucs qu'un mec regarde à la télé, pas une bande de tarlouzes et de folles hystériques se battant à coups de ciseaux, aiguilles et machines à coudre pour gagner une couverture d'Elle magazine!
Voilà donc le principe de l'émission: une dizaine de stylistes de mode, étudiants, amateurs ou confirmés, doivent s'affronter lors de défis de création, sur un exercice imposé, avec temps et moyens limités. En gros, ils doivent créer un vêtement en X temps avec très peu d'argent ou de matériaux donnés au départ, et être les plus créatifs et novateurs possibles. Un exemple qui me vient immédiatement à l'esprit c'est lors du premier épisode de l'une des saisons, ils avaient 5 ou 10 minutes pour récupérer TOUT CE QU'ILS POUVAIENT dans leur chambre pour en faire une tenue. Rideaux, abat-jours, oreillers, canapés, dessus de tables, fils electriques, TOUT Y EST PASSÉ! Au final, certains ont fait preuve de beaucoup de créativité et humour, et ont réussi à créer de véritables pièces "couture" avant-gardistes!
L'émission est présentée par la sublimissime Heidi Klum, (ex) top model et Mme Seal à la ville, et par Tim Gunn, consultant de mode issu de la célèbre Parsons School for Design. En tant que membres du jury, Michael Kors, styliste renommé, Nina Garcia, éditrice en chef de Elle magazine aux US, et un invité extérieur à chaque émission, une célébrité du monde de la mode ou du showbiz. Tout au long du processus de conception et éxecution, Tim va de table en table, distribuant conseils et opinions sur l'évolution du travail de chacun. On assiste à une "formation accélérée" pour les uns, une vitrine internationale pour les autres, le but ultime de participer à ce programme n'est pas forcément de gagner, mais de gagner en EXPOSITION, se faire connaître dans le monde de la mode. Un adoubement venant de personnalités aussi influentes et idoines dans le milieu, c'est un excellent tremplin pour une carrière, sachant que des marques se créent tous les jours, mais très peu arrivent à survivre... Oui, la mode est un univers impitoyable...
Impitoyables aussi sont les participants à l'émission, les uns envers les autres. Le concept de l'émission est intéressant, mais ce n'en est pas moins de la télé-réalité. Alors on va juger des compétences professionnelles de chacun lors du défilé de fin d'émission, juste avant la "cérémonie d'élimination", qui constituera le point d'orgue de chaque épisode; mais les tensions de la vie quotidienne, le choix des candidats eux mêmes, avec des caractères souvent forts et/ou opposés mis ensemble pendant des semaines, la compétition et le crêpage de chignons (et dans un univers très fortement féminin, croyez moi, il y en a, du crêpage de chignon!), ce sont des ingrédients qui font que le spectateur regarde et reste acroché. Ne parlons pas de la présomption d'homossexualité qui pèse quasi-systématiquement sur les stylistes masculins, très souvent (il faut le reconnaître) efféminés, maniérés ou véritablement homos. C'en est presque un jeu, de deviner si oui ou non, untel ou untel est homo ou pas... Jusqu'à ce qu'il arrive en finale, qu'il rentre chez lui pour créer sa collection, et on le voie chez lui avec femme et enfants et on se dit: "je suis vraiment pétri de préjugés..."; "il avait pourtant tous les tics... sa famille doit être une couverture, il n'a pas encore fait son coming out!"
(deux aspirants stylistes travaillant en équipe sur un modèle. lequel des deux est homo?)
Ainsi est fait l'être humain, je serais hypocrite de me prétendre différent sur ce point particulier, je vous le dis parce que ce sont des choses que j'ai pu penser ou discuter avec ma soeur (avec qui je regarde l'émission). Mais si on devait me regarder à la lumière des préjugés, le fait que je suive religieusement un Reality Show sur des créateurs de mode suffirait en soi à me classer, dans l'esprit de beaucoup, dans la catégorie "homo", ou du moins "ambigu". Alors que non, pas du tout. Je suis juste adepte de divertissement, l'univers de la création en général m'intéresse, celui de la mode ne m'est pas indifférent:aimant les femmes et le corps des femmes, c'est un minimum d'avoir quelques notions en la matière, afin de pouvoir visualiser ce qui pourrait bien aller à ma belle si jamais je décide de lui offrir un vêtement, ce que TOUTES les femmes adorent (oui, Jo Ann, le Taliban intellectuel a encore frappé: TOUTES les femmes!). Je n'aurais eu (je pense) aucun problème à l'admettre si c'était le cas, mais non, ce n'est juste pas le cas. Je ne me vexe pas non plus si on me le dit, ce n'est pas une tare en soi, juste pas la vérité. Et si jamais ces programmes aident à inscrire dans l'inconscient collectif, outre le stéréotype du styliste gay, que l'homossexualité ne rend en rien les gens différents des autres, alors oui, il aura eu une vraie utilité du point de vue social. Mais ça c'est moi et mes grands idéaux à la mords-moi-le-noeud, la télé réalité restera ce qu'elle est, du divertissement, et non bien un service d'utilité publique. Alors assumons nos "Plaisirs Coupables" qui ne le sont pas du tout, et vivons en fonction de ce que nous sommes, et non pas de ce que nous sommes censés être aux yeux du monde. Soyons homos, hétéros, bis, indécis, curieux, assexués, soyons ce que le moment nous dictera, mais assumons juste qu'ON AIME PROJECT RUNWAY! La prochaine saison, c'est pour quand?...