Le Plus grand des mensonges qui soit...

Publié le par ricardoglenn

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Le plus grand des mensonges que l'on puisse dire à un enfant, c'est de lui apprendre deux mots: JAMAIS et TOUJOURS! Ces mots là sont des figures de style, des idéaux vers lesquels on tend, des abstractions de l'esprit, incapable de leur donner une réalité concrète et palpable.

 

"je serais toujours à tes côtés"; "je ne cesserai jamais de t'aimer"; "tu pourras toujours compter sur moi en cas de besoin"; "jamais personne ne t'aimera comme moi"; "jamais rien ne t'atteindra tant que je serai là"; tous ces mots de réconfort, faits et dits pour rassurer l'enfant que nous fûmes, ont continué de résonner dans nos têtes une fois adultes, car nous avons pris l'habitude de nous y réfugier, de nous y agripper en cas de besoin, quand nous nous sentons en perdition, en plein naufrage! Nous nous rendons bien compte, au fur et à mesure qu'on grandit, que ces mots sont un mensonge, car nous souhaitons nous détacher de ceux qui nous les ont un jour dits, et voler de nos propres ailes... Seulement, notre mode de fonctionnement étant durablement influencé par ces mots, nous faisons un transfert vers quelqu'un que l'on croit capable de véritablement accomplir ce dessein promis par nos géniteurs: ÊTRE TOUJOURS LÀ POUR NOUS - ainsi fut inventé l'AMOUR!

 

Cette personne, nous l'entourerons de notre affection, de nos attentions, de nos meilleures intentions, nous lui promettrons à notre tour de toujours être là pour elle, afin de "signer" cet accord mutuel tacite de la meilleure des manières. Nous vivrons ensemble, fondrons une famille ensemble, aurons des enfants (à qui nous ferons la même vaine promesse qui nous a été faite avant) et les éléverons ensemble, nous cultiverons notre jardin ensemble, nous vieillirons ensemble, à peu de chose près nous mourrons ensemble... SAUF SI! La pierre dans le chemin, la pente insoupçonnée, le tournant inespéré, le péril que l'on n'a pas vu, l'erreur de jugement... Et tout et à refaire! On fout tout par terre et on repart de zéro. sauf que ce n'est jamais vraiment de zéro...

 

Au bout d'un certain nombre de fois (comme si la sortie du paradis de l'enfance n'était pas suffisante...), on devrait savoir à peu près à quoi s'attendre. Comme le disent les Outkast: "nothing is for sure, nothing is for certain, nothing lasts forever, but until they close the curtain (...)". Jusqu'à la fermeture du rideau, on joue la pièce comme si c'était la première fois, en y mettant la volonté et la conviction de la première fois. Avec plus de prudence, plus d'expérience, une meilleure vue d'ensemble, mais le même enthousiasme enfantin, on se livre de façon tout aussi naive, totale, inconditionnelle... On a beau s'en protéger, au final, lorsque VRAIMENT on veut y croire, notre comportement est le même. Ceci dit, plus on avance en âge, en expérience et en déceptions,  plus on devient friables, frileux, fragiles à chaque nouvel échec, au point d'en devenir blasé; on se rend compte que, peu importent les promesses faites au berceau, au final, on se retrouvera toujours seuls... L'Amour, c'est une étrange façon de vouloir se substituer à Dieu. Et nous faire croire qu'on peut y parvenir pour l'éternité, ou que quelqu'un d'autre peut remplir ce rôle dans notre vie, c'est indubitablement le plus grand et le plus cruel des mensonges que l'on puisse imaginer. Et ce d'autant plus qu'il est totalement involontaire...

 

 


crédit photo: Jean Ribeiro

Publié dans relations humaines

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