des bienfaits de l'homéopathie en période trouble
En ces temps de crise économique, sociale, politique et morale au niveau global, nous avons de plus en plus besoin de croire en quelque chose, de nous acrocher à quelque chose de positif, de passer du baume sur nos muscles raidis par la tension qu'est devenue la vie sur terre. On ne peut tourner la tête sans qu'un conflit ne pointe le bout de son nez, sans qu'une menace terroriste, une catastrophe naturelle, une faillite ou une manifestation sociale ne viennent nous rappeler à quel point tout repose sur un (des)équilibre instable... Très instable... De grâce, un peu de répit! De l'évasion, du rêve, quelque chose qui nous fasse tenir, qui nous donne envie de nous lever "avec plus de volonté que nous n'en avions la veille", pour paraphraser Balzac! "Un courant d'air chaud ascendant, un peu d'homéopathie ou de médecine douce pour changer de la chimio"*, c'est ce que réclame un fou de mon accointance...
Oui, ce n'est pas facile d'écrire sur le bonheur en temps de guerre, n'est pas Benigni qui veut... Encore fat-il avoir la force et la volonté d'y croire, et les moyens de s'évader de cette machine à broyer des vies qu'on appelle la vie, la vraie, la quotidienne, celle qui fait mal, à force... J'ai, pour ma part, mes havres habituels, mes refuges fidèles, mes mondes parallèles où je fuis tout et tous: la musique, la lecture, l'écriture, le basket. Mais on ne peut trouver des raisons de se réjouir seulement dans la "fuite". Alors j'essaye d'en trouver AUSSI dans la vie de tous les jours, dans ma façon d'être avec les autres. En créant des intéractions positives, en rejetant les négatives, en décrétant que je veux de bonnes choses pour moi, car c'est, à mon sens, la seule façon pour moi d'en donner aussi aux autres. C'est dur d'être tout le temps au top, d'être sans faille, et ce n'est plus ce que je demande, ni à moi ni à mes semblables. Ce que je voudrais, c'est que tous, nous soyons capables de gestes simples, qui à eux seuls suffisent à redonner "envie d'avoir envie" (de Balzac à Johnny, décidément, c'est la grande forme!)
Alors, à mon ami qui me demande du baume au coeur, je raconte l'histoire d'un sourire. Dans ce grand cirque des relations humaines, nous avons tous un rôle à jouer. Celui de la socialisation est pour moi l'un des plus intéressants... Étant un neo-arrivant (un an et des poussières dans cette ville que je connais pourtant depuis toujours), rencontrer des gens est une question de survie sociale. Et c'est lors d'une de mes sempiternelles virées au Bairro Alto que, au détour d'un bar, au milieu d'une foule, d'un groupe d'"amis d'amis", j'ai vu un sourire. Un sourire franc, un sourire ouvert, un sourire véritable, un sourire lumineux, UN SOURIRE majuscule! De ces sourires qui te font te sentir à l'aise, de ces sourires sans malice de quelqu'un qui est véritablement heureux de sourire, quelle qu'en soit la raison. Un sourire contagieux, un sourire salvateur, un sourire enchanteur, un sourire. Un sourire féminin, mais ce n'est pas la question... Certes charmant, mais ce n'est pas la question... Un sourire accueillant, un sourire serein, un sourire comme une invitation, un sourire permanent dans cette soirée fugace... Un sourire avec qi j'ai discuté, de rien en particulier, mais avec l'impression que tout était dit en un sourire... Mes mots n'en auraient jamais la puissance, la portée, la simplicité, la beauté... Un sourire. C'est tout ce qu'il a fallu, ce soir là, pour me réconcilier avec le genre humain. Il y a donc encore des gens capables de sourire comme ça!...
Quelques 5 minutes après, ce sourire disparaissait, noyé dans un mouvement incessant vers le prochain groupe d'amis d'amis, vers le prochain bar, vers la prochaine aventure, la prochaine rencontre au prochain coin de rue... Mais j'ai gardé en moi la conviction que ce sourire, il avait sauvé quelque chose en moi, rétabli une foi parfois vacillante dans des choses simples telles que le bonheur, même instantané, même sans raison spécifique, juste le temps d'actionner ses zigomatiques par une chaude nuit d'été dans une ville à laquelle je n'appartiens pas encore. Conscient du caractère aléatoire d'une rencontre aussi marquante, et ayant la quasi-certitude de ne pas le recroiser de si tôt, je n'ai pu m'empêcher de remercier ce sourire d'être venu s'installer sur ce visage, à ce moment précis, lors de cette soirée particulière, qui n'avait jusque là rien de particulier...
*Sisko, Burglar et frère d'armes, on est tous assaillis par ce besoin de baume au coeur...