De la paternité du bohémien (divagation et spéculation mi-autobiographiques)
Écrivain, éditeur, homme à responsabilités multiples le jour, fêtard invétéré la nuit. Parmi les responsabilités multiples, celle qu'il prend probablement le plus à coeur: celle de PÈRE. Frédéric Beigbeder est un homme d showbiz, un homme d'image, un fils de pub qui a craché dans la matrice pour ensuite s'en abreuver jusqu'à l'écoeurement. C'est le digne héritier français de Oscar Wilde, il se sort de tout avec un aphorisme et un cynisme de composition; c'est l'écrivain qui décrypte les moeurs dissolues de la haute bourgeoisie parisienne, qui nous dresse son autoportrait le nez dans la coke dans (presque) chacun de ses bouquins (Marc Marronier, Octave Parengo ou Oscar Dufresne ne font rien pour ne pas nous rappeler le VRAI Frédéric), qui a présenté une émission de critique littéraire tout nu sur le câble, qui choque par plaisir autant que par besoin physiologique de se rebeller constamment contre les privilèges dont il a joui toute sa vie, et dont il n'a aucune intention de se défaire. Homme à femmes, homme d'argent, homme d'image, homme d'excès en tout genre, faux rebelle aux cheveux longs et pantalon Helmut Lang ...
Puis au milieu de tout ça, il y a ça:
Un père qui amène sa fille de 10 ans à l'avant pemière de High School Musical 3. Un PÈRE, quoi... Certes, tous les pères n'ont pas l'occasion d'emmener leurs rejetons sur le tapis rouge, taper la discute après le film avec le gratin parisien, mais tout ça c'est du meuble, le fond reste le même, qu'il soit ouvrier ou écrivain à la mode: il amène sa fille au cinéma, il passe du temps avec elle, fait des activités POUR ELLE, essaye à sa façon d'être là!
Je me pose souvent la question de comment Chloé Beigbeder perçoit son bohémien de père, de l'image que peut bien avoir de ce noceur invétéré ce petit bout de 10 ans.
En voyant cette même silhouette frêle, ce même menton proéminent (si disgrâcieux chez lui, si charmant chez elle...), cette timidité évidente face à la caméra, cette étreinte maladroite du père à l'aise et de la fille raide comme un piquet, gênée par cette intrusion dans un moment si intime entre un père et une fille, je me dis que ce n'est pas évident pour l'un comme pour l'autre de vivre leur relation sous les yeux des caméras. Comment est elle préservée de ses frasques par l'environnement familial, comment conjugue-t-il vie publique, vie nocturne, vie de bohême, vie de voyage, etc. avec devoirs, réunions parents-professeurs, balades au parc, jeux et loisirs père fille en tout genre? On ressent dans son oeuvre, lors de ses rares allusions à son adorable petit rejeton, une tendresse inhabituelle, comme un havre de Paix au milieu de la tourmente. Il la préserve, comme doit le faire tout bon père, et d'autant qu'il est un père "public", mais il s'affiche avec, fièrement, "sa plus grande réussite", sa meilleure raison de se lever le matin...
(À mon interrogation, à laquelle je ne trouverai pas de réponse à moins d'aborder l'interessé lui même sur le sujet, j'ajoute l'imagination et l'observation pour remplir les blancs...)
Controversé et contradictoire, notre sex-symbol se décrit comme un «Chippendale littéraire», se considère comme un «mannequins», mais se targue d’avoir un sosie SDF en bas de chez lui. Il dénonce la publicité mais expose son torse imberbe d’éphèbe grec pour les Galeries Lafayette.
Le soir, il se couche à 7 heures le matin (voire plus tard si la Police le surprend en train de sniffer de la cocaïne sur le capot d'une voiture…) et forcément, il a du mal à se lever. Après une grasse matinée, c’est petit déj (enfin, Pouilly Fuissé) au Flore, puis shopping au Virgin du Louvres. Mais un week-end sur deux, Frédéric Beigbeder a une bonne raison pour émerger: la garde de sa petite Chloé, 8 ans. Après une balade au jardin d’acclimatation et un passage halluciné à la salle de jeux vidéo La Tête Dans Les Nuages, il emmène ensuite sa puce au meilleur restaurant de sushis de Paris, Isami, sur l’île Saint-Louis. *
De ce portrait dressé par une de ses consoeurs de Gala il y a deux ans, on retient qu'il émerge une fois toutes les deux semaines de son train de vie chaotique pour y mettre un semblant d'ordre, de règles, de sens... On ressent cette recherche dans son oeuvre, il est sans cesse tiraillé par le besoin d'adrénaline et celui de quiétude, de paix, d'un bonheur familial qui, somme toute l'ennuie (marié et divorcé 2 fois, on ne compte plus ses compagnes célèbres ou anonymes, avec qui il reste, réputation et crédibilité littéraire obligent, moins de trois ans à chaque fois!)... Frédéric est un grand gamin hypersensible de 45 ans qui a grandi trop vite, puis, se rendant compte de ce que c'était la vie d'adulte, l'a tout simplement refusée!** La seule parenthèse, le seul souvenir, la seule preuve qu'il ait jamais ne serait-ce que essayé d'être autre chose que ce fêtard débridé, c'est Chloé. C'est son petit pont hors de son Neverland, c'est le socle qui le relie à cette étange société des adultes, et pour elle, au moins pour elle, il se doit de jouer ce rôle là! Pas avec elle, non, je l'imagine rêveur, captivant, fantaisiste, tendre, fou... c'est peut être la personne avec qui il est le plus lui même, en fait! Mais il se doit, pour elle, d'être adulte, de s'occuper de choses d'adulte, afin de lui assurer à elle une vraie enfance, avec un père que tous ses copains lui envient, non pas parce qu'il est célèbre, mais parce qu'il a la capacité de la faire voyager sans quitter une pièce, parce qu'il est animé du même feu enfantin qu'elle, et qu'elle est la seule personne au monde, la seule "femme" au monde qu'il n'aura jamais peur d'aimer...
*source: Justine Boivin Vendredi 18 juillet 2008 http://www.gala.fr/lifestyle_de_star/beaute/astuces_de_stars/frederic_beigbeder_2_2_127673
** parce qu'il peut se le permettre, aussi, faut bien le dire!!!!!!!!