De l'usage du terrorisme en Amour (if it breathes, it dies!)
En temps de guerre, tout est permis, comme on le sait bien. En théorie, il faut tout de même veiller à respecter la Convention de Genève, les droits de l'Homme, et toutes ces sornettes qu'on écrit bien au chaud dans son bureau pendant que d'autres avancent sur le terrain, arme au poing et peur au ventre. Dans la pratique, c'est l'instinct de survie qui prévaut, et souvent, en situation de stress intense comme c'est le cas en zone de combat, on tire d'abord, on cherche à comprendre après... "If it breathes, it dies!", comme diraient certaines têtes brûlées... Parfois cela donne lieu à des bavures regrettables, à des incidents dont les protagonistes sont peu fiers, et qui les hanteront par la suite bien au delà de ce qu'ils auraient voulu...
Certains appliquent ces principes parfois discutables au champ de bataille de l'Amour. Oui, je ne sais pas si c'est d'avoir trop écouté Pat Benatar (Love is a Battlefield) dans leur tendre enfance, mais certains n'envisagent le rapport amoureux que comme un rapport de force, un rapport de domination, un terrain d'affrontement dont il est HORS DE QUESTION de sortir perdant.
Dans cet état d'esprit, celui qui se croit en plein conflit (alors qu'il devrait envisager la chose sous l'angle de la conciliation, selon moi...) voit l'objet de son amour(?) comme un reoutable adversaire qu'il faut faire capituler et marcher au pas. Tous les coups, des plus sordides aux plus hardis, sont permis. Une seule règle, avoir l'avantage. Chantage affectif, pression psychologique, jalousie et contrôles en tout genre sont les armes de destruction massives des relations amoureuses, de nos jours, à grands renforts de nouvelles technologies et autres gadgets Big Brother-iens pour garder en laisse celui ou celle qu'on s'est mis en tête de dominer coûte que coûte...
Mais en ce faisant, que gagne-t-on véritablement? Est-on rassuré à la pensée que l'autre se maintient à nos côtés, alors qu'on a usé de tellement de stratagèmes et artifices pour arriver à cette fin qu'on a du mal à identifier une once de volonté et libre arbitre là dedans? Peut-on légitimement se dire que l'on VIT un amour véritable, dès lors qu'il est suspendu à un ensemble de cordes contraignantes, qui servent à le guider là où l'on veut qu'il aille? L'amour ne se nourrit-il pas aussi de l'indispensable liberté, de la VOLONTÉ d'être à et avec l'autre, de lui confier ses humeurs, ses pensées les plus intimes, son affection, son "coeur"? L'échange, le partage que l'on veut "pour la vie" avec le partenaire qu'on a choisi et qui nous a choisis est il compatible avec la prise d'otage, l'intimidation, l'anéantissement du vouloir d'autrui?
Le sentiment, l'attachement, l'envie, cette composante essentielle et sine qua non pour toute relation amoureuse, l'envie de voir, de partager, de grandir avec le partenaire... Si tout cela est assujetti, enchaîné sous une quelconque forme que ce soit, si on devient un être "nécessaire" et non plus désiré, une béquille pour l'autre plutôt qu'un pilier pour le couple, peut-on encore parler d'amour? Peut on considérer que, forcé et contraint, même de façon plus ou moins (in)consciente et/ ou (im)perceptible, on aime encore? Aimerait-on encore si, une fois qu'on s'en est sentis prisonniers, on nous donnait le choix de reprendre notre liberté? La prendrait-on? Resterait-on? Ce sont des questions sensibles, sur un sujet fragile et complexe tel que l'est toujours le domaine des sentiments. La raison est tranchée, claire, nette, concise; l'émotion, pas toujours, pas souvent, presque jamais. If it breathes, it dies. Si ça respire, ça peut mourir. À tout moment. Sans crier gare. On ne le dira jamais assez, l'Amour, c'est une alchimie, un équilibre de tous les jours, mais surtout une énigme constante et inexplicable dans son ensemble. Vous aurez beau le barricader, mettre sous barbelé, dans une enceite fortifiée au milieu d'un champ de mines, sous des snipers perchés sur des miradors pour l'empêcher de partir, s'il n'est pas nourri et épanoui, il s'évanouit tout simplement, s'évapore tel un liquide hautement volatile. Et celui qui aura essayé de le retenir de la sorte n'en gardera que le doux et regrettable parfum d'un amour qu'il n'aura pas su choyer. Et les regrets d'amour sont les plus lourds à porter dans une existence...
"Chorando se foi quem um dia só me fez chorar
Chorando estará, ao lembrar de um amor
Que um dia não soube cuidar"